La quatrième disparition dans le polar Les disparus de la Montagne Noire

La quatrième disparition

Extrait du Chapitre 10

La quatrième disparition mystérieuse dans ce roman policier. Et comme sur les autres sites, les enquêteurs ne trouvent aucune trace du disparu. Comme s'il s'était littéralement évaporé...

    « Sur l’un des versants de la montagne, on pouvait distinguer la route qui en descendait malgré la végétation plutôt fournie. On la voyait longer les flancs du relief, puis disparaître sous les arbres, et réapparaître au gré de la végétation. Tantôt il s’agissait d’une portion de ligne droite, tantôt des virages en épingle à cheveux. Le parcours en voiture était une alternance d’accélérations après les courbes, un moment en roue libre, puis un freinage avant la prochaine courbe. Alors que dire d’un parcours à vélo ?

    Il était bien sûr beaucoup plus périlleux, ne serait-ce qu’à cause du manque de carrosserie. Les freins n’avaient pas la même puissance. Et le tracé idéal d’un deux-roues franchissait parfois le milieu de la route afin de négocier au mieux chaque courbe. Il fallait garder toute sa concentration pendant cette descente rapide et technique. Au moindre écart, la probabilité d’une chute augmentait inéluctablement. Marianne avait dû flirter avec ce risque, et ce dernier l’avait accueilli à bras ouverts.

    Dans le prolongement d’un virage, couché sur le côté, le vélo se trouvait au-delà des fougères qui bordaient la route, à une bonne dizaine de mètres dans la forêt. On ne pouvait l’apercevoir qu’en traversant la première ligne de végétation, car il était dans un léger dévers. La descente un peu raide, la vitesse et les virages en lacets étaient les principaux ingrédients pour risquer une sortie de route. Et à vélo, cela ne pardonnait pas.

    La roue de ce dernier tournait encore, mais relativement lentement. Elle allait s’arrêter complètement au bout de quelques secondes. Cinq mètres plus loin, gisait un corps inanimé. Elle était là, sur le dos, la tête tournée sur le côté. Sa chevelure châtain clair, étalée sur l’herbe, semblait être un matelas pour sa pommette saillante. Ce relief féminin venait rejoindre le dessin sensuel de ses lèvres qui surmontaient son menton. Au niveau de son cou long et fin on pouvait deviner les battements de sa carotide. Plus bas, les mouvements de sa cage thoracique confirmaient qu’elle était encore en vie. Mais dans quel état ? Elle avait dû taper la tête la première contre le sol. Même s’il était relativement meuble à cet endroit, le choc l’avait assommée. Il s’agissait quand même d’un bon vol plané par dessus son vélo, et à grande vitesse.

    La roue de celui-ci était maintenant à l’arrêt. Tout était calme. On pouvait entendre les bruits de la forêt qui avaient repris leur droit après que ceux de cet accident eurent rompu l’harmonie de ces lieux. Il y avait comme le son des vagues de la mer, mais en réalité, il s’agissait du vent qui venait caresser l’ensemble des feuilles portées par les cimes des arbres. À l’abri de cette couverture feuillue, le chant des oiseaux était omniprésent. Plus bas, au niveau du sol, on pouvait entendre les déplacements de certains animaux : un couple de sangliers qui promenait ses petits marcassins, une biche qui posait délicatement ses pas, un renard qui avançait la tête dressée pour regarder au loin, puis… »

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